LE TRAVAIL RÉALISÉ EST BIEN PLUS IMPORTANT QUE LE TRAVAIL PRESCRIT !

La notion de charge de travail s’invite largement dans chacune de nos discussions avec le personnel du CASVP. Des publications de l’UNSA qui ont porté sur les risques psychosociaux ou la qualité de vie au travail l’ont évoquée. Dans notre situation actuelle où on allonge notre temps de travail, on peut comprendre la montée de la sensibilité à la problématique santé psychique et travail. L’obligation de mesurer la charge de travail est devenue l’un des piliers de la prévention des risques psychosociaux, en plus d’être une obligation pour tout employeur. 

La surcharge de travail, le non-respect de la durée du travail ou encore la non-évaluation régulière de la charge de travail sont régulièrement invoqués par les tribunaux ou les caisses primaires d’assurance maladie ! Soit pour établir un lien de causalité entre un accident et les conditions de travail, soit pour reconnaître un manquement de l’employeur et établir l’existence d’une faute inexcusable. 

Notre employeur a-t-il mis en place des actions sur la charge de travail ? Dispose-t-il de moyens, de processus ou d’outils spécifiques de remontée des données ? NON, ou à la marge selon l’UNSA.

La problématique du déni des origines de la pénibilité et des risques du travail est aussi importante. L’invisibilité entretenue du travail réel contribue à exacerber la pénibilité psychique.

L’aveuglement aux réalités concrètes de terrain est entretenu, alors qu’un simulacre de prévention est souvent déployé par la multiplication de commissions, de groupes, de formations et d’enquêtes statistiques, d’audits coûteux censés sonder, mesurer la souffrance au travail et définir des plans d’actions.

C’est la raison pour laquelle nous avons dénoncé et condamné à l’UNSA l’usage d’un système de mesure du  temps de travail des agent.es qui se réfère uniquement à la charge de travail prescrite. Autrement dit des tâches à réaliser définies formellement, relevant de l’obligation liée à la fonction professionnelle – sans véritable mesure de leurs impacts sur la densité et les gestes professionnels quotidiens. Encore moins sur la dimension chronophage qu’elles supposent dans la journée de l’agent.

La charge de travail réelle, c’est-à-dire tout ce que mettent en œuvre les individus et les collectifs pour atteindre leurs objectifs, et qui relève du « faire », du « lien social dans l’équipe, avec les usager.es », « de la part réflexive liée au métier » est peu prise en compte.

Très peu pris en compte, voire représentée de façon trompeuse, la charge de travail ressentie par l’agent.e. Ce que l’on peut appeler la charge de travail subjective ou vécue (c’est-à-dire l’évaluation que font les agent.es de leur propre charge, la manière dont ils la vivent et la supportent). 

En effet, une même charge de travail n’est pas vécue de la même façon d’une personne à l’autre, en fonction de sa condition physique ou psychique, de son intérêt pour les missions, de sa vie personnelle, de sa résistance au stress, etc. 

L’Anact, l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail, définit la surcharge de travail comme « un seuil à partir duquel les risques sur la santé physique et mentale deviennent tangibles ». 

D’autres notions importantes doivent également être intégrées à la réflexion : ● la rétribution (parlons-en ! à l’heure où la Ville supprime en moyenne 6 jours de congé par agent !)la reconnaissance des efforts fournis pour réaliser la charge de travail réelle ● la qualité des métiers

Le décalage qui se creuse, laissant craindre qu’il pourrait devenir irréductible entre prescriptions (surtout quand elles sont faites par une autorité experte, supposée savoir) et réalité du travail crée des difficultés particulières auxquelles notre direction se heurte actuellement dans l’exécution de ses grands projets.

La construction de connaissances de ce qu’est réellement la charge de travail doit résulter d’un processus de coopération avec les agent.es, reconnu.es comme sujets « connaissant », et non comme objets d’enquête. Les agent.es du CASVP doivent absolument gagner en pouvoir d’agir, qui est synonyme de santé (si l’on veut bien convenir que celle-ci n’est pas réductible à l’absence de maladies comme on le pense trop souvent au CASVP).