L’UNSA a pris l’habitude de visiter les établissements et de rencontrer les agents. Ce que nous constatons c’est qu’en même temps que les grands projets avancent, de nombreux agent.es sentent leur quotidien professionnel s’abîmer et s’angoissent de ne pas avoir de place dans les nouveaux dispositifs. Le thème de l’insécurité s’est imposé. Une insécurité qui est née de l’inflation d’un langage technique et abstrait, et de l’émiettement du collectif qui n’a pas été suffisamment bien identifié par l’administration.
L’insécurité au travail est un facteur de risque pour la santé des agent.es dans la mesure où elle réduit le sentiment de maîtrise de la situation. Elle comprend :
• L’insécurité physique (c’est-à-dire dû aux incivilités),
• L’insécurité technique. L’évolution incessante des métiers et des outils professionnels : on sait que tous les agents, toutes les équipes ne pourront être en mesure de répondre à toutes les demandes.
• L’insécurité fonctionnelle : les taux de vacance de postes et les glissements de tâches pour y faire face ; la dégradation des conditions de travail qui s’ensuit, sont également des obstacles à l’efficacité,
• L’insécurité organisationnelle en augmentationen raison d’une position institutionnelle « hors sol », soit en décalage considérable avec la réalité de terrain …
Or, si l’on veut bien faire mettre à part certains comportements managériaux qui peuvent aggraver encore la situation, tels le harcèlement, la pression, nous constatons que de nombreux agents finissent par être confrontés à ce que nous nommons l’insécurité invisible.
Il s’agit de la résultante d’une incompréhension, d’une indifférence de la direction locale quant à prendre la mesure de la pénibilité du travail, des conditions de travail de ses équipes. Cela se traduit par un ressenti d’abandon des agents par leur hiérarchie. La conséquence est l’isolement de ces derniers dans une insécurité invisible mais omniprésente : « je suis seul.e, je ne peux pas vraiment compter sur l’encadrement, ni sur l’équipe qui, elle aussi, finit par être sans lien ».
Arrivé à ce point d’étape, il n’y a bientôt plus de stabilité relationnelle pour protéger un minimum les agents. Et c’est alors l’accélération incessante du balai des départs et des arrivées : les anciens sont partis ou finissent par partir, les nouveaux n’accrochent pas, ressentant vivement le climat insécure.
L’insécurité, c’est l’installation, dans notre quotidien, de la précarité des situations professionnelles.
QUELLES PRÉCONISATIONS DE L’UNSA ?
D’une manière immédiate, il faut mettre en place des indicateurs qui serviront de signes faibles, de signes forts pour engager une action préventive, une action curative au niveau approprié.
Parmi ces indicateurs, deux font déjà évidence : la vacance continuelle de postes, l’arrêt maladie fréquent des agents. La grille est à construire.
Mais une grille d’indicateurs ne suffit pas. L’UNSA demande que des actions concrètes puissent être rapidement menées. Dans certains cas, il s’agit de faire intervenir une inspection par le service qualifié. Pour ce faire, la Direction générale doit s’engager. Parfois, il s’agira de questionner par exemple le management, les conditions de travail, l’organisation et le fonctionnement, la priorité des missions.
Sortir les « problèmes » de l’angle mort où ils sont relégués, les considérer comme des signaux d’alarme sur les défaillances de l’organisation du travail, plutôt que comme un prix à payer pour les « risques du métier ». L’UNSA demande à l’administration de montrer qu’elle entend le malaise des agent.es et qu’elle est prête à engager les mesures qui s’imposent. A cet effet, quelle action est mise en place pour diagnostiquer le mal-être et le bien-être au travail ?
Considérant que les autorités administratives ont l’obligation de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et morale de leurs agents, nous soulignons ici l’urgence de traiter ces problèmes très concrets pour les agents et pour les établissements, au risque de laisser s’installer des situations de danger.
