ACTION SOCIALE PARISIENNE : ON PEUT VIVRE SANS MOYENS, MAIS PAS SI BIEN

On peut comprendre l’intérêt de la démarche de la territorialisation dès lors qu’il s’agit d’améliorer le travail partenarial, de maximiser l’impact des interventions des services pour être au plus proche du public dont ils ont la charge, et de la manière la plus pertinente. Evidemment, du dire au faire, la distance est grande. Et faire suppose des moyens.

De nombreux exemples existent, citons :

LA CRÉATION DU POLE D’ACCÈS AUX DROITS AU SEIN DES EPS (LES ÉTABLISSEMENTS PARISIENS DE SOLIDARITE) DE LA SOUS-DIRECTION DES TERRITOIRES – SDT (ex-SDIS) qui a remplacé le projet de pôle d’accueil social renforcé avorté à cause d’un arbitrage mettant en cause le passage des adjoints administratifs concernés en catégorie B.

L’UNSA a déjà souligné : un  manque de moyens humains. Un manque de cohérence et de réflexion prévisionnelle, les pôles se structurant dans certains EPS en fonctions des spécificités territoriales. Les retards dans le projet qui sont en grande partie dus à l’absence d’arbitrage significatif de la Direction pour le passage en catégorie B des adjoints administratifs concernés (environ 80 personnes), ni même une revalorisation de la NBI des SMS en exercice. 

Nous insistons sur la nécessité de réaliser une étude d’impact. Car aujourd’hui, à défaut d’étude, il y a bien un impact sur le personnel, très négatif : épuisement, démotivation, enchaînement de  formations rendant leur contenu plus ou moins assimilable, ajout  de tâches à la volée … et finalement, des départs, des  arrêts-maladie etc…

L’avenir est toujours incertain, et de l’aveu même de la Sous-direction des territoires – SDT (ex-SDIS), il pourrait être envisagé demain de réduire la polyvalence demandée aux agents du pôle d’accès aux droits, faute de pouvoir les revaloriser. À QUOI JOUE-T-ON ?

LE PROJET DE REORGANISATION DES PSA POUR LA SOUS-DIRECTION DE L’INSERTION ET DE LA LUTTE CONTRE L’EXCLUSION – SDILE (EX-SDSLE) qui amènera à terme les deux Espaces Solidarité Insertion (les ESI) du CASVP et les PSA à avoir un rôle indifférencié ou presque.

L’objectif annoncé : se centrer sur les publics les plus vulnérables avec un accueil inconditionnel et sans spécificité de public (jeunes, familles, hommes et femmes) sur les cinq sites. Cette proposition offre l’avantage de valoriser la proximité avec les usager.es installé.es sur tel ou tel territoire, et également de renforcer les relations avec le partenariat territorial.

Belle intention. Oui, toutefois, qui va alourdir le type de suivi social à mener, en lien avec la vulnérabilité des publics ; qui a des conséquences pour les EPS puisque l’idée est que leséquipes d’accueil réalisent désormais l’évaluation des personnes sans domicile fixe de leur arrondissement. Il est même envisagé qu’un suivi social puisse être engagé par les travailleurs sociaux d’accompagnement, à l’exclusion des publics les plus vulnérables pour lesquels l’accompagnement demeurerait donc sous la responsabilité des PSA.

MAIS À QUOI JOUE-T-ON ? Certes, il y a des EPS où le travail social digne de ce nom a encore quelques moyens de se réaliser… Mais pour autant d’autres où les agent.es nous disent leur peine à ne plus y arriver depuis longtemps.

Pour l’UNSA, une telle évolution organisationnelle, fonctionnelle, – et bien que nous pouvons être gré à l’Administration de nous la présenter encore en construction, avec des changements possibles – est absolument irréaliste en l’état si l’on compte les postes vacants, la fatigue des agents et les autres réformes en cours.

Constater que le calendrier de principe pour la mise en place vise 2023 manifeste le décalage abyssal que l’UNSA constate trop souvent entre les Sous-Directions, qui tracent les plans des changements, et les agent.es qui sont supposé.es les agir.L’UNSA demande d’instituer des temps réguliers de rencontre des équipes d’accueil de PSA et celles des EPS. Idem pour l’accompagnement pour mieux connaître les réciprocités respectives, les points à améliorer pour une action complémentaire … avant de se lancer ce qui s’apparente à un grand chambardement. Ce, sans faire l’impasse sur une enquête sur les risques psychosociaux ou RPS actuellement dans les services concernés. Il incombe, en premier lieu, à notre Administration de fournir des conditions de travail convenables à ses agent.es et de rendre un service de qualité à fortiori à des publics vulnérables. La situation dans les EPS tourne le dos de plus en plus à ces deux exigences.