Le projet du président de la République de repousser progressivement l’âge légal de départ à 65 ans face aux déséquilibres structurels de notre régime de retraite va être examiné à la rentrée. L’état du système nécessite-t-il des mesures correctrices ? Ou, comme certain.es le défendent, le dispositif actuel reste-t-il sur une « trajectoire maîtrisée ». Quelques éléments de réponse…
On apprend dans « les éléments d’un diagnostic partagé » fournies par le COR, le Conseil d’orientation des retraites, que dans le scénario le plus favorable, le retour à l’équilibre de notre régime de retraite n’interviendrait pas avant la première moitié des années 2030.
C’est sur la base de ce pronostic et au regard du vieillissement démographique de la population qui viendra inéluctablement peser sur les dépenses de retraite futures, en alourdissant le nombre de retraité.es relativement au nombre de cotisants, que le président de la République juge indispensable d’agir et de faire des économies, en repoussant l’âge légal de départ à la retraite.
● Âge de départ à la retraite entre 62 et 65 ans selon votre année de naissance pour vous donner une idée pour anticiper les décisions de la future nouvelle assemblée après la réforme Macron si cette dernière est votée. Ce tableau est spéculatif et donc non-officiel (sources EOR).

Mais en 2022, la situation de la branche vieillesse de la Sécurité sociale est proche de l’équilibre, affichant un solde négatif de -1,1 milliards d’euros. Il n’y a donc pas d’urgence économique, selon l’UNSA, à vouloir réformer le système, il n’est pas en danger.
D’ailleurs, décaler l’ouverture des droits à la retraite de 62 ans à 64 ans n’engendrerait que de faibles gains budgétaires. Il est vrai que cette mesure entraînerait des économies sur les retraites, mais elle induirait aussi des dépenses supplémentaires de chômage et d’invalidité…
De plus, le taux d’emploi des séniors est nettement plus faible que celui de l’ensemble de la population active : à peine plus de 30% des 60-64 ans occupent un emploi. Aussi, la situation de vie des personnes empêchées de travailler, prolongée de deux ans, cristalliserait des situations de précarité, alors même que le passage à la retraite pour ces personnes signifie souvent une amélioration de niveau de vie.
Pour l’UNSA, ce qui pose réellement problème, c’est avant tout le taux d’emploi total des Françaises et des Français. Autrement dit, si l’on parvenait à réduire significativement le chômage, et en particulier le chômage des jeunes, il ne serait plus nécessaire d’augmenter l’âge de départ à la retraite.
Pour l’UNSA, vouloir à tout prix repousser l’âge légal de départ en retraite relève donc d’une conception dogmatique, qui vise une nouvelle fois les travailleurs.ses les plus vulnérables. Elle ne répond pas à la construction d’un système de retraite par répartition plus juste et équitable. Si une telle proposition devait être portée par les pouvoirs publics, l’UNSA n’aurait d’autre choix que de s’y opposer avec force.
