Nous constatons, à des signes malheureusement indubitables, que la situation des femmes et des familles avec enfants à la rue ou vivant dans des habitats précaires se dégrade considérablement sur tout le territoire, et sur Paris tout particulièrement. Le projet de loi de finances 2023 présenté le 26 septembre dernier prévoit de terminer l’année avec 7 000 places d’hébergement d’urgence de moins par rapport à janvier, et on s’attend à une nouvelle baisse équivalente en 2023. Des places d’hôtel, mises à disposition pendant la période de crise sanitaire, retrouvent leur vocation touristique et ne seront pas compensées.
À Paris, à titre d’exemple, le SAMU social va perdre plus de 2 500 places hôtelières d’ici la fin de l’année. Des établissements, qui avaient accepté de faire de l’hébergement d’urgence quand les touristes avaient déserté Paris, reviennent à leur vocation première, plus rémunératrice. D’autres se rénovent avant la Coupe du monde de rugby 2023 et les Jeux olympiques 2024.
Les maraudes, les travailleurs sociaux, les associations de solidarité nous alertent sur la saturation d’un système qui ne parvient plus à faire face à l’urgence.
Le système d’hébergement d’urgence a-t-il atteint sa limite ?
Quel va être le sort – des familles hébergées au titre de la protection de l’enfance en risque ou en situation avérée de rupture d’hébergement hôtelier – des familles hébergées par le 115, au titre de la mise à l’abri se trouvant en situation de rupture d’hébergement annoncé, avant de devenir effectives ? Et de tant d’autres, dans les deux cas, en attente d’un hébergement depuis des semaines et plus, sans solution digne identifiée.
Quelle est la solution proposée par l’Exécutif parisien ?
Aux services sociaux parisiens d’arrondissement d’accueillir et d’évaluer les familles à la rue… et après ? Pas de réponse. Dans ce cas, quel est le but ? Quelle responsabilité engagée ? Quelle garantie de respecter la déontologie des métiers concernés ? Quel sort pour les familles ?
Des questions sont posées par les professionnel.les ? Sans réponse à ce jour.
Quels sont les moyens réels et effectifs mis en place à la disposition des travailleurs sociaux (des TS) pour répondre à l’absence d’hébergement ?
• Déblocage rapide d’une aide financière afin que la famille trouve elle-même un hôtel conforme à la législation ou une autre solution d’hébergement à son initiative ? Places mises à disposition dans un gymnase ? Places en CHU ? En auberges de jeunesse ? Réquisition d’un bâtiment de l’Etat ?… La question est lourde car il n’est pas possible de demander au TS d’engager sa responsabilité dans l’évaluation d’une situation, sans lui donner les moyens de répondre aux problèmes, particulièrement dans les situations de vulnérabilité des personnes reçues.
• Quelles limites à l’accueil ? Concrètement, évaluation faite et idéalement une solution de recours mise à disposition, qui effectue ensuite l’accompagnement ? • Quel partenariat installé avec la Préfecture pour réguler le problème de l’hébergement des familles dès lors que la question relève d’abord de cet aspect, non d’un risque avéré ou non de protection de l’enfance ? • Quel partenariat solide développé avec la PSA GAUTHEY ? Les Espaces solidarité insertion (les ESI) ?
L’UNSA défend les missions du service public, la qualité du service rendu, la sécurité et les conditions de travail des agent.es. Alors que le phénomène des familles à la rue s’accroit, il n’est pas concevable que la Mairie de Paris, le CASVP puissent laisser les agent.es assumer seul.es, sans moyen ou presque, la responsabilité de l’accueil de ce public. La gravité des conséquences possibles exige de l’Exécutif une réponse urgente, à la hauteur des enjeux.
