QUAND LE TRAVAIL DÉGRADÉ ET « PRESSÉ » DEVIENT UN TRAVAIL DANGEREUX

L’augmentation régulière de la charge de travail et la diminution des ressources pour la satisfaire peuvent avoir des conséquences négatives sur les agent.es et sur une organisation dans son ensemble. Au CASVP, cette situation – nos collègues le confirment – conduit à une diminution de la qualité des services, des horaires de travail excessifs, des risques d’erreurs, des retards, des niveaux de pression et de stress élevés, voire des environnements de travail toxiques

De quoi parle-t-on ? De cette chose devenue ordinaire pour beaucoup d’entre nous : travailler très et trop rapidement, sans moyens suffisants, avec une pénurie de ressources telles que du personnel ou du financement ; renoncer à aller au bout des tâches qui nous incombent ; se désintéresser finalement du cœur de notre mission ; quitter un poste qui pourtant nous anime, pour lequel nous avons compétences et motivations…

Dans les activités au contact du public, à l’accueil d’un EPS, en EHPAD, comme lors de la tournée d’un.e aide à domicile, « l’impératif de se dépêcher tout en prenant son temps est spécialement prégnant ». Quand la pression temporelle est trop forte, des arbitrages sont indispensables, qui peuvent parfois conduire au non-respect de certaines règles de sécurité ou à une priorisation des soins dans le secteur de la santé, le « triage » ….

S’ajoute à cela la sensation,  voire le constat d’accomplir un « travail dégradé » avec comme conséquence de voir la satisfaction face à son métier diminuer. Certains.certaines de nos collègues évoquent même « des sentiments de culpabilité, de stress et d’anxiété » de ne pouvoir accomplirun travail soigné.Cette situation est d’autant plus préoccupante que seul un très faible pourcentage d’agent.es en difficulté peut recevoir, si besoin, une aide psychologique de la part du service dédié.

On le constate aussi, ce travail pressé et dégradé, qui impose à chacun.e de se concentrer sur le temps dit « productif », réduit les autres temps, pourtant fondamentaux : ceux pour apprendre, la formation, transmettre, construire ensemble, ceux pour anticiper les problèmes, pour créer. Voire les écarte volontairement. 

Les conséquences sont que nombre d’agent.es doivent s’adapter, ajuster, tenter de trouver un équilibre face à des injonctions contradictoires (faire « vite et bien ») et face aux imprévus. «Résoudre des équations impossibles », c’est, pour nombre d’agent.es, lorsque le travail en mode pressé et dégradé devient la norme ordinaire, trouver des solutions d’adaptation à l’échelle individuelle, voire collective, développer des stratégies – sauf à maltraiter leur santé psychique, voire physique – pour leur rendre supportable le fait d’œuvrer dans des conditions  inacceptables, inadmissibles, au risque d’engendrer des erreurs, des prises de risques. 

Comme le rappellent les ergonomes Corinne Gaudart et Serge Volkoff : redonner toute leur place aux actions invisibles mais essentielles (préparation du travail, vérifications, concertation avec les collègues, formation…), prendre en compte le temps long, c’est gagner en qualité et en sens tout en préservant davantage la santé des agent.es.

L’UNSA souhaite rappeler le devoir de chacun.e de rendre compte de la situation rencontrée dans ses conditions de travail lorsque cela ne va pas. Ce devoir de vigilance, d’information, voire d’alerte concerne l’agent.e de terrain comme l’encadrant.e. Il y va du sens de la responsabilité de tous et de toutes, de la prévention nécessaire pour éviter des difficultés inutiles. L’enjeu est aussi de ne pas laisser la Direction de la DSOL déconnectée de la réalité du terrain et de ses agent.es, celle-ci ayant naturellement tendance à relativiser, ignorer les conséquences néfastes de ses choix tant qu’elles ne lui sont pas rapportées.