RÉORGANISATION DE L’ACCUEIL DES SANS-DOMICILES À PARIS : UN PROJET ET SES RISQUES SOUS-ESTIMÉS

Face aux défis de l’hébergement et du logement à Paris, la Maire de Paris réitère son engagement pour l’égalité d’accès aux services sociaux de la ville, spécialement pour les publics précaires, tels que les familles, les jeunes majeurs, ainsi que les hommes et femmes sans domicile. Cependant, cet engagement soulève des questions essentielles : quel en sera le coût et quels moyens seront déployés pour atteindre cet objectif ?

L’UNSA s’interroge sur la nécessité d’introduire un droit d’alerte auprès de la F3SCT (la formation spécialisée en matière de santé, sécurité et conditions de travail) afin d’empêcher une précipitation vers un échec manifeste qui serait néfaste tant pour la réforme envisagée que pour les agents et les bénéficiaires.

D’après les entretiens que nous avons menés avec de nombreux agents des PSA et des ESI, une préoccupation commune émerge : les nouvelles missions, l’organisation à venir et les modalités opérationnelles manquent de définition claire.

Cette incertitude se traduit par diverses appréhensions :

  • Quelle sera la nature du travail à l’avenir ?
  • Comment gérer l’évolution des publics accueillis, avec une transition d’une spécialisation par public vers un accueil généraliste incluant familles, jeunes adultes et hommes ?
  • Quel soutien sera fourni pour maîtriser les nouveaux outils et nouvelles missions qui devront être adoptés sur tous les sites afin de garantir un accès équitable aux prestations de la DSOL ?
  • De plus, quels moyens financiers seront alloués à cette réforme, sachant qu’une dotation financière supplémentaire est actuellement à l’arbitrage de la Maire de Paris ?

Conséquences pour les agents

La problématique du  réaménagement des locaux  est soulevée par plusieurs agents, ainsi que le sentiment d’un manque de reconnaissance, citant un projet déjà trop avancé malgré leur participation à des groupes de travail.

Un séminaire en octobre, bien que rassemblant de nombreux agents, n’a pas pallié au manque de visibilité sur la réorganisation prévue. Un déficit d’écoute envers les agents est manifeste.

Formation et adaptation des espaces

D’autres aspects méritent également notre attention. À l’approche de l’échéance d’avril 2024 pour la nouvelle organisation, l’UNSA constate l’absence d’un calendrier pour les formations spécialisées nécessaires (logiciels, protection de l’enfance, Rsa, etc.). De plus, les détails sur l’aménagement des espaces d’accueil et l’infrastructure pour les nouveaux professionnels n’ont pas été communiqués.

Sécurité et conditions de travail

La préoccupation est également grande quant à l’adéquation des locaux, avant même l’accueil des nouveaux usagers : les salles d’attente et les bureaux d’entretien, qui dans leur configuration actuelle, peuvent contribuer à la fréquence préoccupante des agressions rapportées à l’UNSA.

Quelles sont donc les attentes réelles de la SDILE face à cette réforme ? La formalisation d’un projet ne garantit pas son succès opérationnel. Il est impératif de procéder à une étude d’impact détaillée et à une analyse des risques psychosociaux pour prévenir toute détérioration des conditions de travail et éviter les conséquences habituelles comme l’absentéisme et les départs.

L’UNSA exige que la DSOL prenne la mesure des difficultés rapportées au sérieux. Une mise en œuvre réussie ne peut se faire sans l’implication directe des agents sur le terrain. Assurer un accueil équitable et de qualité pour tous mérite qu’on prenne le temps nécessaire.