La loi « Bien vieillir » s’inscrit dans une initiative plus vaste visant à adapter notre société au vieillissement de sa population. Elle propose de revoir les EHPAD comme des espaces de vie plus épanouissants, soulignant notamment l’importance des animaux de compagnie pour améliorer le quotidien des résidents. Cette approche soulève un débat sur l’équilibre entre les bénéfices émotionnels pour les résidents et les défis pratiques de leur mise en œuvre.
La Résidence Kersalic à Guingamp, innovante dans ce domaine, a prouvé les effets bénéfiques de la présence des animaux sur le bien-être des personnes âgées. L’AD-PA (l’Association des directeurs au service des personnes âgées) a soutenu cette évolution, envisageant la transformation des EHPAD en lieux plus accueillants.
Cependant, des voix comme celle de Rémi Busto*, soulignent la nécessité de prioriser le financement, le personnel et la qualité des soins, craignant que cette initiative n’éclipse les enjeux plus urgents.
* directeur d’un pôle gérontologique dans les Pyrénées-Orientales.
Cadre légal et expérimentation
Selon la loi, les résidents doivent être capables de prendre soin de leurs animaux, respectant ainsi les futures normes d’hygiène et de sécurité.
Une phase d’expérimentation débutera le 1er juin 2024, destinée à mesurer l’impact réel de cette mesure.
Ce test impliquera un nombre déterminé de chambres adaptées à l’accueil des animaux et nécessitera une concertation avec le président du conseil départemental. Un rapport d’évaluation sera ensuite soumis au Parlement, six mois avant la fin de cette période d’essai, pour en déterminer les résultats et la faisabilité à plus large échelle.
Dans un contexte similaire, le projet social de la maison relais Katherine Johnson à Paris, géré par la SDILE, a déjà exploré l’accueil des animaux de compagnie, bien qu’avec un public différent, accueillant un public précédemment sans abri.
La loi « Bien vieillir » engage une réflexion sur le futur des soins aux personnes âgées, notamment par la promotion de l’accueil des animaux de compagnie dans les EHPAD.
Tout en étant portée par de bonnes intentions, cette mesure appelle à une analyse approfondie de ses impacts pratiques.
Les retours critiques mettent en avant le risque de privilégier l’aspect émotionnel de la proposition sans suffisamment considérer les défis opérationnels et financiers qu’elle implique.
Les EHPAD, soumis à des normes d’hygiène rigoureuses, sont confrontés à la tâche délicate de concilier les avantages thérapeutiques possibles des animaux avec les nécessités de sécurité et de santé des résidents.
Il est essentiel d’aborder cette initiative avec pragmatisme, en priorisant la qualité des soins, le bien-être des résidents et la gestion des contraintes des établissements, notamment au sein des structures gérées par le CASVP. Cette loi incite à repenser les priorités pour améliorer de manière significative la vie en EHPAD. L’objectif devrait être de renforcer l’environnement de soins des personnes âgées, en tenant compte des réalités concrètes et des contraintes financières actuelles des structures d’accueil, pour assurer une mise en œuvre réussie de la loi « Bien vieillir ».
