Le travail de nuit dans les EHPAD, qui s’étend de 21h00 à 7h00, soulève plusieurs difficultés souvent méconnues par la direction et le personnel de journée. Malgré son rôle essentiel dans la continuité des soins, la spécificité du travail de nuit reste sous-valorisée, ce qui peut nuire à la qualité des soins prodigués aux usagers et au bien-être des agents. Les aides-soignantes et infirmières de nuit sont particulièrement affectées, notamment en raison de la mutualisation des infirmières entre plusieurs établissements, ce qui augmente leur fatigue et leur stress.
De nombreuses études ont identifié les impacts négatifs du travail de nuit sur la santé, incluant troubles du sommeil, déséquilibres nutritionnels, fatigue chronique, et risque accru de dépression.
Ces problèmes sont exacerbés par des perturbations de la mélatonine, favorisant l’obésité et certains cancers.
Malgré cela, l’UNSA a relevé que les examens médicaux annuels obligatoires sont souvent négligés, certains agents n’ayant pas été suivis depuis dix ans, contrevenant ainsi à l’article L3122-42 du Code du Travail.
La nuit génère une anxiété accrue pour les agents et les résidents, exacerbée par des incidents de sécurité comme des entrées non sécurisées et des intrusions fréquentes. Ces problèmes sont souvent aggravés par des défaillances dans les systèmes de verrouillage et de surveillance.
L’absence de formations régulièrement mises à jour pour les aides-soignantes de nuit, notamment depuis leur reclassification en catégorie B, ainsi que le manque de formations adaptées aux spécificités du travail de nuit, ont détérioré les conditions de travail. Il est particulièrement important de disposer de formations ciblées sur les procédures médicales d’urgence et les situations critiques, telles que les incendies, surtout avec des effectifs réduits. Un programme de formation dédié est donc nécessaire pour améliorer les compétences du personnel en soins et en gestion des urgences.
Le décret et l’arrêté du 22 décembre 2023 ont significativement augmenté l’indemnité horaire de nuit et l’indemnité forfaitaire pour les jours fériés, et ce, à partir du 1er janvier 2024 pour le personnel hospitalier. Pour étendre ces avantages aux agents de la fonction publique territoriale, des délibérations formelles sont requises. Bien que l’ARS reste silencieuse pour l’instant, il est impératif que la Maire de Paris prenne position et s’engage en faveur de cette mesure.
Où en est-on au CASVP ? Une récente réunion entre l’UNSA et la direction du CASVP a permis de mettre en lumière ces problématiques rencontrées par les agents de nuit dans les EHPAD et a conduit à l’élaboration de mesures correctives ainsi qu’à la planification d’actions futures.
Voici les principaux points abordés et les engagements pris :
– L’administration a reconnu l’inefficacité du dispositif de surveillance médicale renforcée pour de nombreux agents et a admis l’absence des données nécessaires pour satisfaire les demandes de l’UNSA, qui réclame un bilan détaillé, un engagement formel et une mise en œuvre concrète des visites médicales.
– Concernant la formation, un manque de précision a été identifié dans les données relatives aux formations dispensées, en particulier pour les aides-soignantes. L’administration a souligné la nécessité de développer un plan de formation détaillé assorti d’un calendrier précis. Une formation urgente via une session flash sur la plateforme Titan. De plus, en réponse aux demandes de l’UNSA, un accent sera mis sur l’évaluation et la planification de formations spécifiques au travail de nuit pour les agents non encore formés.
– La question du travail isolé est perçue comme une réalité concrète par les agents, bien que cette situation ne soit pas légalement reconnue comme telle. L’administration a reconnu ce problème et explore actuellement des solutions potentielles pour y remédier. L’UNSA suggère d’étudier la faisabilité d’un Dispositif d’Alarme pour Travailleur Isolé.
– Par ailleurs, une réévaluation des indemnités de nuit est jugée nécessaire. Des discussions sont prévues avec l’élue responsable, Mme. Levieux, pour aborder les disparités entre les indemnités de la Fonction Publique Hospitalière et de la Fonction Publique Territoriale.
– Les incidents de sécurité non résolus ont constitué une préoccupation majeure. L’administration s’est engagée à examiner ces incidents et à améliorer la sécurité des établissements.
– De plus, des problèmes organisationnels ont été soulignés, notamment l’absence de cadres durant la nuit et les plannings des infirmiers qui ne sont pas régulièrement mis à jour. Ces problèmes nécessitent des ajustements pour minimiser les complications opérationnelles. Les difficultés relatives aux procédures de transmission ont également été abordées, et la recherche de solutions est actuellement en cours.
Ces discussions, activement soutenues par l’UNSA, ont mené à des engagements précis de la part de l’administration visant à améliorer les conditions de travail des agents de nuit. Elles devraient également marquer une avancée vers une meilleure reconnaissance et un soutien accru pour ces agents. Nous continuerons de suivre ce dossier jusqu’à son aboutissement complet.
