La Maire de Paris ambitionne d’offrir le meilleur aux Parisiennes et Parisiens confrontés à des difficultés sociales variées, en promouvant un parcours simplifié et cohérent pour accéder aux multiples services de la Métropole et de ses partenaires. Sur le principe, tout le monde est d’accord. L’UNSA, comme d’autres organisations syndicales, soutient l’idée… mais la démesure du projet soulève de sérieuses inquiétudes face aux moyens limités disponibles.
Définir les moyens nécessaires commence par la mise en place d’un cadre clair et de limites à l’action.
La première question qui se pose est donc : quelle définition la DSOL retient-elle pour déterminer le statut de « personne parisienne » et le suivi social qui en découle en cas de demande de l’usager ?
Deux modalités de principe sont retenues à ce jour :
- Les ménages dormant à Paris ou en banlieue dans des lieux impropres au sommeil (tentes, rue, halls d’immeubles, parkings, voitures, campements, etc.), disposant d’une domiciliation parisienne, sont pris en charge par les PSA (et par extension, les ESI de la ville).
● L’UNSA s’interroge :
• La domiciliation administrative parisienne étant accordée selon des critères souples, — les associations dédiées et Paris Adresse étant saturés de demandes, aussi bien de Parisiens en perte d’hébergement que de personnes venant de la région, voire d’ailleurs, à la recherche d’une adresse stable —, comment est établi le second critère ?
• Quels justificatifs sont requis pour prouver l’hébergement dans un lieu impropre au sommeil ?
• Quelle est la définition exacte de cette notion ? Un squat, par exemple, en fait-il partie?
• Comment la Ville prévoit-elle de soutenir les agents des PSA et des ESI, déjà surchargés, alors que la définition élargie de « Parisien.ne » permet l’accueil et l’accompagnement d’un public beaucoup plus nombreux?
- Les ménages et personnes dormant sur le territoire parisien dans un lieu « visitable » («exclusion des tentes, de la rue, des voitures, des parkings, etc. »), disposant d’une domiciliation parisienne, dont les enfants sont scolarisés et/ou suivis en PMI dans un arrondissement.
● Ici encore, des questions se posent :
• Quelle est la définition précise de « lieu visitable » ?
Les squats, locaux d’entreprise, locaux associatifs, gymnases et lycées aménagés en font-ils partie ? Un foyer hébergé chez un tiers, sans justificatif, est-il inclus ?
• Qu’en est-il des foyers qui présentent des documents à l’adresse d’un domicile chez un tiers, mais qui résident ailleurs (par exemple, en banlieue) ?
• Que se passe-t-il lorsque le lieu « visitable » se trouve dans un arrondissement différent de la domiciliation administrative ?
Face à l’absence de précisions et à une intention municipale généreuse mais déconnectée du vécu des agents sur le terrain, l’UNSA estime que le public à accueillir, certes dans les PSA et ESI, mais aussi dans les EPS, va s’accroître considérablement. Cette pression sera encore plus forte dans les établissements situés sur des territoires à forte densité de domiciliation administrative. La question des limites d’intervention et celle des moyens doivent être réexaminées, tant à l’échelle parisienne qu’au-delà. Il n’est pas question que les agents portent seuls les « beaux engagements » de la mandature.
L’UNSA, s’appuyant sur l’expérience des agents, affirme que l’absence de critères clairs pour la population à accueillir compromet toutes les autres ambitions du projet. Notamment, l’accueil social adapté — qu’il s’agisse des locaux, des formations, ou des circuits facilitant l’accès aux droits et prestations. Sans oublier les temps nécessaires pour une meilleure prise en charge de ces usagers, une meilleure coordination entre les services du CASVP, de la DSOL, et d’autres directions, ainsi qu’avec les partenaires externes (autres collectivités…).
La réforme des PSA en 2024, présentée comme un gage de qualité pour les agents et les usagers, génère déjà un fort mécontentement parmi les agents — et bientôt parmi les usagers ? L’UNSA estime qu’un moratoire est nécessaire avant d’introduire tout nouveau changement. Agir précipitamment risque de faire dépérir le service social, à l’inverse des intentions proclamées. Madame Filoche, élue en charge des questions sociales, est directement interpellée sur ce point.
