Le rapport de France Stratégie, publié le 9 décembre, met en lumière une crise d’attractivité sans précédent qui touche tous les métiers de la fonction publique – État, territoriale et hospitalière. Pour inverser cette tendance, plusieurs leviers sont proposés : revalorisation des rémunérations, amélioration des carrières et renforcement des avantages par rapport au secteur privé.
Malgré les changements de ministres, le désamour envers la fonction publique persiste. « Cette crise s’installe dans le temps, mais des solutions existent », souligne Emmanuelle Prouet, coordinatrice du projet.
Avec 5,6 millions d’agents, soit un emploi sur cinq en France, la fonction publique est essentielle au tissu économique et social. Pourtant, cette base solide est fragilisée par une crise d’attractivité.
Au CASVP, cette réalité se traduit par un taux de vacance des postes de 11,6 % en 2023, qui met en évidence des tensions quotidiennes sur le terrain et une rotation significative des effectifs.
Des initiatives telles que le développement des concours dans les filières en tension, les partenariats avec les écoles ou la mise en ligne des offres d’emploi sur le site « Travailler pour Paris », montrent une volonté d’agir. Cependant, sans une amélioration des conditions de travail et une réelle politique de fidélisation, ces efforts restent insuffisants.
Rémunération et reconnaissance : des enjeux prioritaires
Le rapport de France Stratégie tranche avec les orientations des récents ministres. Stanislas Guerini proposait la suppression des catégories A, B et C et une facilitation des licenciements. Guillaume Kasbarian suggérait d’aligner les règles d’indemnisation des agents publics en arrêt maladie sur celles du secteur privé.
À l’inverse, France Stratégie préconise de préserver la garantie de l’emploi et de renforcer les perspectives d’évolution et les avantages spécifiques à la fonction publique.
Ces préoccupations trouvent un écho au CASVP. Malgré des atouts comme une autonomie relative et des collectifs solides, les agents subissent une stagnation des carrières et un écart croissant avec le privé. Entre 2011 et 2021, le pouvoir d’achat des fonctionnaires a à peine progressé (+2,1 %), avant de reculer sous l’effet de l’inflation de 2022.
Si le Ségur de la santé défendu par l’UNSA a permis quelques avancées, elles restent limitées face à l’ampleur des besoins. Nous insistons sur l’urgence d’une revalorisation active des grilles indiciaires et des primes pour attirer et fidéliser les agents.
Une spirale négative à enrayer
La crise de recrutement s’aggrave et touche particulièrement les filières soignantes, sociales et administratives du CASVP. Malgré des initiatives comme l’organisation de deux sessions annuelles pour les concours d’aides-soignants et d’infirmiers, ces efforts restent insuffisants sans une stratégie globale pour « fidéliser » les agents.
Le CASVP prévoit de renforcer les équipes en EHPAD avec la création de 110 postes en 2025, mais leur pourvoi reste incertain dans un contexte de conditions de travail tendues.
Si la SDA (sous-direction de l’autonomie) propose des pistes encourageantes, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour répondre durablement aux défis actuels.
France Stratégie alerte sur une spirale négative bien connue au CASVP : postes vacants, surcharge des agents, dégradation des conditions de travail avec, in fine, baisse de la qualité du service public.
Avec une chute de moitié du nombre de candidats aux concours depuis 2010, il devient urgent de restaurer l’attractivité des métiers par des actions ambitieuses et cohérentes.
La fonction publique ne peut se contenter de réagir à court terme. Revaloriser des grilles, améliorer les conditions de travail sont des leviers essentiels pour enrayer cette spirale. Pour le CASVP, l’enjeu est clair : garantir un service public de qualité tout en répondant aux attentes des agents.
