Face à la précarité croissante qui touche une partie des agents publics, plusieurs collectivités ont mis en place des dispositifs innovants pour les accompagner. Ces initiatives, récemment évoquées dans La Gazette des Communes, montrent qu’il est possible d’apporter des réponses concrètes et ambitieuses. Qu’en est-il au CASVP ? Les dispositifs actuels sont-ils à la hauteur des besoins ?
Des dispositifs existants au CASVP
Au CASVP, de nombreux agents peinent aujourd’hui à couvrir leurs dépenses essentielles.
Une aide-soignante contrainte de renoncer à un traitement médical trop coûteux, un travailleur social en difficulté après une séparation, un agent de cuisine dont le loyer grève lourdement son budget… Ces situations, loin d’être isolées, rappellent l’urgence d’un accompagnement renforcé.
Les agents concernés peuvent s’adresser au Service Social du Personnel (SSP), qui propose un accompagnement individuel. Ce service permet notamment :
- d’établir un diagnostic budgétaire ;
- d’aider les agents dans leurs démarches administratives ;
- et de solliciter des aides exceptionnelles via une commission hebdomadaire.
Ces aides, qui peuvent prendre la forme de secours financiers en espèces, de tickets alimentaires ou encore de prises en charge de créances (loyer, énergie), constituent une première réponse aux difficultés rencontrées.
Le délai pour obtenir un rendez-vous est généralement de huit jours, avec une prise en charge immédiate des situations urgentes.
Des limites qui freinent l’efficacité du dispositif
Cependant, ces dispositifs, bien qu’existants, montrent rapidement leurs limites :
- Le SSP repose uniquement sur deux travailleurs sociaux pour accompagner l’ensemble des agents de la DSOL, ce qui semble insuffisant face aux besoins croissants.
- L’approche actuelle se limite à des démarches individuelles, sans réelle politique de prévention. Des actions comme des ateliers collectifs ou des campagnes de sensibilisation sur la gestion budgétaire pourraient mieux anticiper les difficultés des agents.
- Les aides financières proposées, bien qu’essentielles, restent en deçà des dispositifs mis en place dans d’autres collectivités.
Par exemple, Bordeaux propose des aides financières non remboursables pour aider les agents à payer des factures ou des dettes urgentes. Toulouse et la Seine-Saint-Denis organisent des ateliers collectifs et renforcent les équipes sociales pour mieux accompagner leurs agents.
Enfin, le suivi des dispositifs au CASVP manque de transparence, aucune évaluation structurée de leur impact n’ayant été réalisée à ce jour.
Les pistes pour améliorer le soutien aux agents du CASVP
Pour l’UNSA, il est nécessaire de s’interroger sur les marges de progrès possibles et de proposer des solutions concrètes.
- Le renforcement des moyens humains du SSP apparaît essentiel : deux travailleurs sociaux pour toute la DSOL semblent insuffisants pour répondre aux besoins croissants des agents.
- La mise en place d’actions collectives, telles que des ateliers de sensibilisation à la gestion budgétaire ou des campagnes d’information, permettrait de prévenir plus efficacement les situations de précarité.
- S’inspirer des dispositifs mis en place par d’autres collectivités, comme les aides financières non remboursables ou spécifiques à la précarité énergétique et au logement, représenterait une avancée significative.
- Enfin, une évaluation rigoureuse des dispositifs existants au CASVP est indispensable pour identifier les ajustements nécessaires et garantir l’efficacité des accompagnements proposés.
Les initiatives d’autres collectivités montrent que des solutions sont possibles. Avec une volonté politique et des moyens adaptés, le CASVP pourrait mieux accompagner ses agents. La précarité économique n’est pas une fatalité : il revient à l’administration d’agir. L’UNSA appelle à un dialogue constructif pour des solutions durables.
