La reconnaissance des handicaps dits « invisibles », désormais mieux pris en compte par le FIPHFP (Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique), constitue une avancée notable. Elle marque un infléchissement progressif des représentations encore trop figées du handicap. Mais ce changement reste lent et inégal.
La sensibilisation conduite par le réseau du FIPHFP – directeurs techniques, référents handicap – commence à faire évoluer les mentalités, à travers des actions concrètes : rencontres, campagnes, podcasts, vidéos.
Certaines administrations s’engagent, mais faute d’obligation, ces démarches ne sont pas généralisées.
Des stéréotypes toujours présents
Or, les idées reçues et l’incompréhension autour des handicaps invisibles freinent encore l’intégration ou le maintien dans l’emploi.
Le rapport annuel du Défenseur des droits le confirme : le handicap reste l’un des premiers motifs de discrimination dans la fonction publique.
Fibromyalgie, troubles psychiques, troubles « dys », maladies chroniques, déficiences sensorielles… : près de 80 % des handicaps reconnus sont invisibles.
Ils ne se voient pas, mais ils impactent la vie professionnelle. Ils demandent discrétion, écoute, adaptation.
Des outils existent, mais trop peu mobilisés
Le guide édité par le Conseil national du FIPHFP détaille les dispositifs à disposition des employeurs :
Prestation d’Appui Spécifique (PAS), télétravail élargi, aménagements horaires, etc.
Mais ces outils sont trop peu connus ou mal relayés dans certaines structures.
Au CASVP aussi, la question du handicap invisible reste mal identifiée dans les pratiques de gestion, alors même que les agents concernés sont bien présents.
Une meilleure information des services RH, de la médecine du travail et des encadrants est nécessaire.
Les employeurs publics doivent être exemplaires
Ce constat engage directement la responsabilité des employeurs.
Le handicap, visible ou invisible, ne peut plus être ignoré.
La Fonction publique doit assumer un rôle moteur, au-delà des seuls objectifs statistiques.
Donner un nouveau cap
C’est dans cette perspective que l’UNSA Fonction Publique demande l’ouverture d’une négociation nationale sur le handicap.
Vingt ans après la loi de 2005, il est temps de franchir un cap.
L’enjeu est double :
- lever les freins persistants ;
- anticiper l’impact de l’allongement des carrières sur les situations de handicap.
La Fonction publique ne pourra pas durablement accompagner ses agents sans renforcer les dispositifs de maintien dans l’emploi, d’accessibilité (y compris numérique), et de reconnaissance du handicap dans toutes ses dimensions.
Les handicaps invisibles sont bien réels. Il est temps de les rendre visibles dans les politiques publiques, les pratiques quotidiennes, et les priorités RH. Pas par compassion. Par justice.
