« PRIME DE CRISE » : UNE RECONNAISSANCE AU COMPTE-GOUTTES

Des services en sous-effectif chronique, des agents toujours plus sollicités… et aucune reconnaissance concrète. L’UNSA revient sur ce que l’administration appelle la “prime de crise”.

Un dispositif individuel exceptionnel et strictement encadré

À ce jour, la seule possibilité ouverte pour reconnaître l’engagement d’agents restés en poste dans un contexte de forte tension repose sur un dispositif peu connu et très encadré : la “prime de crise”.

Il s’agit d’une prime individuelle, attribuée à un agent encore en poste, sur décision de la Direction Générale. Elle peut être proposée par une direction locale, mais sa validation relève du niveau central, sur la base d’indicateurs prédéfinis.

Cette prime vise à récompenser un effort exceptionnel, dans un contexte critique, et ne peut être répartie entre plusieurs agents.

À l’inverse, la prime de remplacement (gérée par le SLRH) est scindable, c’est-à-dire partageable entre les agents présents en cas d’absence non remplacée.

Dans le cas présent, cette seconde option reste réservée aux seuls agents du SLRH, dans un cadre strict, tant que la Ville maintiendra sa position.

Prime de crise : un révélateur

Lors d’un échange le 25 mars avec le directeur adjoint de la DSOL, l’UNSA a évoqué la reconnaissance indemnitaire des agents confrontés à un sous-effectif chronique.

Beaucoup espéraient qu’une prime de remplacement puisse être accordée, ne serait-ce qu’à titre ponctuel.

Ce ne sera pas le cas. La DRH de la Ville oppose une fin de non-recevoir.

Quand l’exception devient la norme

Le sous-effectif n’est plus une crise : c’est devenu le quotidien.

Et quand l’ordinaire devient insoutenable, il n’y a plus rien d’“exceptionnel” à récompenser — sauf à feindre de découvrir la situation à chaque alerte.

La “prime de crise” illustre ce décalage : elle n’a pas été conçue pour répondre à un fonctionnement durablement dégradé, mais pour gérer un effondrement ponctuel.

Or, ce que vivent les agents n’a rien de ponctuel. Et cela se fait sans reconnaissance indemnitaire, ni même symbolique.

Revaloriser les métiers exercés en conditions dégradées

L’UNSA rappelle que la reconnaissance ne peut être réservée aux cas extrêmes. Elle suppose une revalorisation structurelle des métiers, en particulier ceux en tension, en tenant compte :

  • des fonctions réellement exercées,
  • des contraintes du terrain,
  • et de la dégradation progressive des conditions de travail.

Ce n’est pas d’un geste ponctuel dont les agents ont besoin, mais d’une reconnaissance durable, traduite en pouvoir d’achat et en amélioration concrète de leur quotidien professionnel.

L’UNSA continuera d’interpeller l’administration sur ces écarts de traitement. Quand l’exception devient la norme, le silence n’est pas une option. Il ne s’agit pas de “récompenser” des situations extrêmes, mais de reconnaître ce que vivent, chaque jour, les agents restés en poste — souvent isolés, souvent épuisés. La “prime de crise” ne saurait masquer l’immobilisme face à une crise devenue structurelle. Il est temps que la politique indemnitaire tienne compte, enfin, des réalités du travail.