Conçu pour offrir une adresse administrative aux personnes en grande précarité, Paris Adresse fonctionne aujourd’hui dans des conditions très dégradées. Ce lieu censé garantir un ancrage social est devenu un concentré de tensions, d’insalubrité et de désorganisation. Agents épuisés, encadrement défaillant, locaux inadaptés, files d’attente interminables : derrière l’affichage politique, le service ne tient que par la ténacité des agents.
Des conditions de travail dégradées
Lors de sa visite du 29 avril 2025, l’UNSA a constaté une situation profondément détériorée. Le service fonctionne avec 6 agents pour 10 postes, dont celui de responsable, vacant. L’équipe est fragilisée par l’absentéisme, les contrats précaires et les reclassements. Les locaux, eux, sont en chantier permanent : bruit incessant, poussière, accès entravé. En janvier, une évacuation d’urgence a été déclenchée après la chute de gravats ; des tunnels de protection ont été posés à la hâte.
Insalubrité, promiscuité et pression constante
Le quotidien des agents se déroule dans un environnement marqué par l’insalubrité : absence d’eau potable — l’évier des toilettes n’est même pas accessible — cafards, souris, odeurs d’urine dans les tunnels, ventilation bruyante, toilettes saturées. Les usagers attendent parfois plus d’une heure.
Le taux de rotation est élevé, et la direction reconnaît ne pas parvenir à recruter de titulaires.
La MISST (Mission Inspection Santé et Sécurité au Travail) a pointé des risques psychosociaux majeurs, aggravés par le manque d’encadrement et de formation.
Une administration qui laisse faire
Les alertes de l’UNSA sont nombreuses. Des réponses ont été apportées, mais toujours ponctuelles.
Aucune mesure structurelle n’a permis d’améliorer durablement la situation, hormis l’arrivée d’un agent de sécurité. Les congés deviennent difficiles à poser, le télétravail est suspendu, les arrêts maladie se multiplient. Ce service tient uniquement grâce à l’endurance des équipes, sans reconnaissance ni perspective.
Une déclaration de danger grave et imminent
Face à cette accumulation, l’UNSA a pris ses responsabilités en déclarant Paris Adresse en situation de danger grave et imminent. La majorité des organisations syndicales ont soutenu cette alerte, à l’exception de la CGT, qui s’est abstenue.
Cette alerte repose sur des faits clairs : risque sanitaire permanent, menace réelle pour la santé des agents, protection insuffisante, responsabilité engagée de la direction. L’administration, dans sa réponse, a reconnu quelques difficultés, mais les a réduites à de simples anomalies. Elle n’a proposé que des rustines : bouchons d’oreilles, flash info, nettoyage renforcé. Rien de structurant, rien de durable.
Pour l’UNSA, le problème est systémique. Le déséquilibre est profond et durable, et aucune perspective concrète d’amélioration n’est engagée à ce jour.
Des revendications de terrain
Depuis des mois, l’UNSA porte des revendications claires. Il faut en urgence adapter l’organisation du travail aux effectifs réellement présents, pour alléger la charge pesant sur les agents.
Les locaux doivent être salubres et fonctionnels, les conditions de travail respectées, avec un accès à l’eau, du matériel adapté, des visites médicales régulières et un encadrement protecteur.
Il est aussi nécessaire de revaloriser les fonctions d’accueil, en reconnaissant les sujétions spécifiques de cette fonction par une indemnité dédiée (IF ou NBI).
Enfin, la recherche active de nouveaux locaux s’impose pour redonner au service une base viable.
Paris Adresse incarne le fossé entre discours et réalité. Privé de tout ce qui le rendrait viable, ce service ne tient que par l’endurance des agents — au prix de leur santé. L’UNSA alerte, agit, et continuera à le faire. Le risque de rupture est là. Il faut en sortir.
