Le 28 mai, Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, a été l’occasion pour plusieurs acteurs, dont la Mutuelle Nationale Territoriale (MNT), de remettre en lumière un sujet encore largement ignoré dans les politiques de santé au travail : la santé menstruelle.
Règles douloureuses, endométriose : quand le travail devient difficile
Selon l’Organisation mondiale de la santé, 4 femmes sur 10 ont déjà pris un arrêt de travail en lien avec leurs menstruations. Maux de ventre, nausées, migraines, fatigue : des symptômes bien connus mais rarement pris en compte.
Près de 30 % des femmes sont concernées par ces douleurs de manière régulière, avec des conséquences directes sur leur activité professionnelle. L’endométriose, maladie chronique encore mal diagnostiquée (7 ans en moyenne), pousse une femme sur deux atteinte à refuser un poste ou à renoncer à certaines fonctions.
Congé menstruel : des expérimentations locales malgré un cadre juridique flou
En France, les propositions de loi pour un congé menstruel ont été rejetées au Parlement. Pourtant, certaines collectivités territoriales comme Toulouse, Cergy-Pontoise, Saint-Ouen ou Strasbourg ont mis en place des dispositifs expérimentaux.
À l’Eurométropole de Strasbourg, un congé menstruel est accordé sur certificat médical. Sur 3 500 agentes, 97 certificats ont été délivrés, permettant à 60 d’entre elles de bénéficier d’un total de 220 jours d’absence. Ces jours viennent parfois se substituer à des arrêts maladie classiques, révélant l’utilité d’un tel dispositif.
Mais ces autorisations spéciales d’absence (ASA) se heurtent à un vide juridique : le décret encadrant les ASA date des années 80 et n’intègre pas la santé menstruelle. Faute de reconnaissance réglementaire, chaque collectivité bricole ses propres solutions, souvent sous l’œil attentif du tribunal administratif.
Des risques à ne pas négliger : entre avancée sociale et discrimination potentielle
Si l’intention est louable, le congé menstruel suscite aussi des réserves. Certaines voix alertent sur le risque d’exposer la santé intime des femmes à de nouvelles discriminations professionnelles.
« Faire entrer la vie intime des femmes dans la sphère professionnelle peut conduire à des discriminations à l’embauche », souligne Caroline de Pauw, sociologue et spécialiste des questions de santé.
D’autres rappellent qu’il ne faut pas isoler cette problématique mais l’intégrer dans une approche plus globale de la santé au travail et de l’égalité professionnelle.
Et dans la fonction publique parisienne ?
Pour l’instant, aucune mesure spécifique n’a été prise à la Ville de Paris ou au sein du CASVP sur ce sujet. Les agentes concernées continuent de devoir poser des congés ordinaires ou de subir des arrêts, faute de reconnaissance officielle de leurs douleurs.
L’UNSA avait interpellé la Maire de Paris en février 2025 par courrier sur la santé menstruelle au travail : à ce jour, aucune réponse ne nous a été adressée.
Les syndicats, dont l’UNSA, souhaitent que le débat puisse avancer, en lien avec la médecine du travail et les instances paritaires, sans tabou mais avec vigilance : lutter pour une meilleure prise en compte de la santé menstruelle ne doit pas se faire au détriment de la carrière des femmes.
