Le dernier baromètre UNSA du moral des salariés confirme une tendance préoccupante : le climat au travail se détériore et le rapport au système de santé se dégrade fortement. Un double constat qui interroge et exige une prise en compte sérieuse.
Un moral au plus bas depuis cinq mois
L’indice global du moral des salariés chute à nouveau en juillet, passant de 5,6 à 5,2 sur 10, son niveau le plus bas depuis cinq mois.
Cinq des six dimensions évaluées sont en recul, en particulier :
- Le sentiment d’être justement rémunéré : 4,7/10, en forte baisse (–0,5 point)
- L’optimisme sur l’avenir des métiers : 4,7/10
- Les perspectives de carrière : stagnent à un niveau historiquement bas (3,9/10)
Ces données traduisent un climat de frustration et d’inquiétude croissante.
Un système de santé qui ne répond plus
66 % des salariés estiment que le système de santé fonctionne mal, et 23 % très mal. Seuls 23 % en ont une opinion positive. Cette perception négative touche l’ensemble des catégories sociales, sauf les plus aisées.
Mais surtout, elle se traduit par des renoncements concrets aux soins :
- 53 % des salariés y ont été contraints récemment (eux-mêmes ou leurs proches)
- Chez les bas revenus, ce chiffre dépasse 70 %
Les causes principales sont multiples et cumulatives :
- Manque de médecins acceptant de nouveaux patients : 66 % (+10 points en un an)
- Délais d’attente trop longs : 60 %
- Coût des soins et faible remboursement : 54 %
Ce renoncement n’est plus marginal : il devient structurel pour une large part des salariés. Une logique de tri social dans l’accès aux soins s’installe.
Des mutuelles jugées peu efficaces et coûteuses
Alors qu’elles devraient compenser les lacunes du système, les mutuelles sont elles aussi critiquées :
- 51 % des salariés déclarent que leur complémentaire santé rembourse mal leurs frais
- Parmi eux, 42 % estiment en plus qu’elle leur coûte cher (+6 points)
Les fonctionnaires de catégorie B et C sont les plus sévères : plus de 60 % jugent leur mutuelle inefficace.
Santé mentale : une forte attente ignorée
80 % des salariés estiment que les troubles de santé mentale doivent être mieux pris en charge.
Ce chiffre confirme que le mal-être au travail devient un enjeu central, qui dépasse largement le cadre professionnel. Épuisement, stress chronique, troubles anxieux ou dépressifs sont désormais présents dans le quotidien de nombreux salariés, sans réponse adaptée.
En parallèle, 83 % rejettent l’idée d’un système de santé réservé aux seules pathologies graves : les salariés rappellent leur attachement à un modèle universel, préventif et solidaire.
Quelles perspectives de solution ?
Les avis sont partagés sur les réponses possibles :
- 51 % redoutent de devoir payer davantage à l’avenir, mais
- 71 % d’entre eux considèrent que ce n’est pas une bonne solution
L’idée de faire contribuer davantage les employeurs reste majoritaire (65 %), mais ce soutien recule de 5 points en un an. Un signe de désillusion croissante face à l’engagement attendu du monde économique.
Les salariés sont fatigués, inquiets, parfois découragés. Leur moral baisse, leur confiance s’effrite, et leur santé – mentale comme physique – devient une urgence. Il ne s’agit pas seulement de chiffres. Ce baromètre dit une chose essentielle : notre pacte social se dégrade, silencieusement.
