SANTÉ MENTALE AU TRAVAIL : ENCORE UN ANGLE MORT ?

Parler de santé mentale, ce n’est pas parler d’un sujet à la marge. C’est évoquer le quotidien de milliers d’agents qui doivent tenir, coûte que coûte, dans des environnements professionnels de plus en plus contraints.

La santé mentale n’est pas un « bonus » individuel : elle conditionne notre capacité à travailler, à tenir, à faire face.

Or, 1 agent sur 4 se dit aujourd’hui en souffrance psychologique. Et ce chiffre grimpe dans les services sous tension, auprès du public, ou soumis à des réorganisations successives.

Un monde du travail qui use, et qui oublie de réparer

Charge de travail excessive, injonctions contradictoires, pression hiérarchique, absences non remplacées, dialogue en berne…

Ce sont bien les conditions de travail qui fragilisent, pas la fragilité supposée des individus.

La santé mentale se dégrade aussi parce que les collectifs de travail se fissurent, que le temps manque pour échanger, souffler, ou simplement faire correctement son métier.

Mais dans trop de structures, ce sujet reste tabou, relégué dans la sphère personnelle.

La santé mentale, ce n’est pas “en dehors du travail”

Les employeurs publics, comme les employeurs privés, ont une obligation légale : prévenir les risques professionnels, y compris les risques psychosociaux.

Et pourtant, combien de DUERP (Document unique d’évaluation des risques professionnels) sans volet RPS (risques psychosociaux) réel ? Combien de Formation Spécialisée en Santé, Sécurité et des conditions de travail (F3SCT) où la parole sur le mal-être est minimisée ou écartée ?

Combien de fois entend-on qu’ »on a tous des hauts et des bas« , ou que « c’est personnel » ?

Ce déni a un coût : humain, social, financier. Il empêche d’agir en amont. Il favorise les ruptures, les arrêts prolongés, les départs subis. Et il laisse s’installer l’idée qu’il faudrait supporter en silence.

Ce que nous demandons

Le respect du cadre légal ne suffit pas. Il faut une volonté réelle de reconnaître, prévenir, agir.

L’UNSA CASVP demande :

  • Une évaluation rigoureuse des risques psychosociaux, pas un simple exercice de style
  • La participation des représentants du personnel à toutes les étapes, y compris dans les réorganisations internes
  • La reconnaissance du lien entre conditions de travail et pathologies psychiques, y compris dans les procédures administratives (congé de longue maladie – CLM, reclassement, etc.)
  • Des lieux de parole, de médiation, de recours, quand le dialogue hiérarchique est rompu

Dans nos établissements, le mal-être n’est pas une rumeur. Il s’exprime, souvent à voix basse, parfois à travers les arrêts, les demandes de mobilité, ou les départs non remplacés. Il ne s’agit pas d’alerter pour alerter. Il s’agit de refuser la normalisation de la souffrance au travail. Et de rappeler qu’aucune politique publique ne tient si ceux qui la mettent en œuvre sont à bout.