À la Ville de Paris et au CASVP, les agentes enceintes disposent de droits précis, qu’il s’agisse d’autorisations d’absence, d’aménagements d’horaires ou de protection contre le jour de carence. Ces règles, clairement établies, visent à garantir la santé et la continuité du parcours professionnel. Pourtant, dans la pratique, la grossesse demeure souvent vécue comme une contrainte, voire un sujet de culpabilité, faute d’un accompagnement collectif réel.
Un cadre réglementaire clair mais inégalement appliqué
La déclaration de grossesse, à transmettre au service RH au plus tard au quatrième mois, déclenche l’ouverture des droits : fixation du congé maternité, autorisations d’absence pour examens médicaux, préparation à l’accouchement et possibilité d’aménagement des horaires dès le troisième mois, jusqu’à une heure par jour.
Ces dispositions s’appliquent également aux agentes en télétravail et ne dépendent pas du bon vouloir de l’encadrement.
Depuis la loi du 6 août 2019, le jour de carence est neutralisé pour tout arrêt maladie lié à la grossesse ou à ses suites.
Mais au-delà des textes, leur application reste trop souvent tributaire des pratiques locales. Certaines agentes découvrent tardivement leurs droits, d’autres hésitent à les faire valoir, craignant de « gêner » leur hiérarchie. Trop souvent encore, la grossesse est perçue comme un aléa à gérer plutôt que comme un événement normal de la vie professionnelle.
De la culpabilité à la responsabilisation : un changement de regard nécessaire
Selon la note du Conseil d’analyse économique (2024), 88 % des écarts de salaire entre les femmes et les hommes s’expliquent par le facteur de parentalité.
Autrement dit, c’est bien la maternité — et la manière dont elle est intégrée dans les organisations — qui demeure la principale cause des inégalités de carrière.
Certaines collectivités ont commencé à mieux accompagner cette période, en organisant le départ et le retour de congé maternité pour que la maternité ne soit plus vécue comme un frein professionnel.
La grossesse ne devrait plus être envisagée uniquement sous l’angle médical. C’est un sujet collectif, qui doit être organisé et accompagné au sein même de la collectivité, pour permettre aux agentes de vivre cette période sans culpabilité. Cela suppose une évolution de la culture managériale, capable d’accueillir la parole des agentes, d’adapter les missions, d’assurer la continuité du service et de préparer le retour dans des conditions équilibrées.
L’UNSA CASVP rappelle ses positions
Pour l’UNSA CASVP, le respect des droits statutaires est une base, mais pas une finalité.
Il faut aller plus loin :
- en assurant une information systématique sur les droits dès la déclaration de grossesse ;
- en formant les encadrants à l’accompagnement de cette période ;
- en mettant en place un véritable entretien de reprise, tenant compte des réalités personnelles et professionnelles ;
- et en garantissant que la maternité ne freine pas l’avancement ou la mobilité.
La grossesse n’est pas une anomalie du parcours professionnel. C’est une période qui doit être pleinement reconnue, organisée et accompagnée pour permettre aux agentes de poursuivre leur carrière sans pénalisation.
L’UNSA CASVP continuera à rappeler que les droits des agentes enceintes sont inscrits dans les textes, et qu’ils doivent être appliqués partout, sans exception ni interprétation restrictive. Mais nous continuerons aussi à défendre une approche plus humaine, où la maternité est pensée comme un temps de vie légitime, respecté et intégré dans le fonctionnement collectif.
