Un rapport parlementaire présenté fin octobre dresse un constat sans équivoque : le nombre d’agents contractuels dans la fonction publique continue de croître. Entre 2011 et 2023, leur effectif a progressé de 44 %, tandis que celui des titulaires diminuait légèrement. Aujourd’hui, plus d’un agent sur quatre dans la fonction publique territoriale est contractuel.
Une précarisation qui s’installe
Le rapport souligne que les contractuels sont très majoritairement recrutés en CDD, souvent de courte durée, et qu’ils occupent près de la moitié des emplois de catégorie C.
Cette progression du recours au contrat est devenue une réponse commode aux difficultés de recrutement de titulaires, mais elle ne constitue pas une solution durable.
Le recours massif à ces contrats entretient un turn-over élevé : 24 % des contractuels quittent chaque année leur poste, contre 3 % des titulaires. Ces départs répétés fragilisent la continuité du service public.
Au CASVP, la tendance se confirme
Selon le RSU 2024, le CASVP compte 5 632 agents sur emploi permanent, dont 4 807 fonctionnaires (85,4 %) et 825 contractuels (14,6 %).
La majorité de ces recrutements sont temporaires, y compris sur des emplois permanents :
« Les recrutements temporaires sur emploi permanent correspondent à la grande majorité des recrutements de contractuels », précise le rapport social.
Le taux de rotation atteint 13,5 %, un niveau supérieur à la moyenne de la fonction publique territoriale (10,2 %), traduisant une instabilité durable.
Les fonctions les plus concernées relèvent de la filière médico-sociale, où les emplois essentiels demeurent parmi les plus précaires.
Les femmes représentent 77 % des recrutements, confirmant la féminisation des emplois exposés à la précarité.
Des effets visibles sur le terrain
Les agents du CASVP le constatent chaque jour : vacance de postes, rotation rapide, formation insuffisante, repères fragilisés.
Les écarts de statut et de rémunération accentuent les tensions et nuisent à la cohésion des collectifs de travail.
Cette situation alimente un désenchantement professionnel, chez les titulaires comme chez les contractuels.
Une fonction publique à repenser
Le rapport recommande d’accompagner les contractuels vers la titularisation et de leur proposer une formation dédiée aux valeurs du service public.
À l’horizon 2031, ils pourraient représenter près de 30 % des effectifs.
Sans politique de stabilisation, c’est la continuité et la qualité du service public qui se trouveraient remises en cause.
Ce que l’UNSA DSOL CASVP demande
– Une politique claire de titularisation et de stabilisation des contractuels.
– Une formation systématique à l’entrée dans les services du CASVP, pour favoriser l’intégration et la cohésion des équipes.
– Un bilan annuel transparent sur le nombre de contractuels, leurs missions et leurs perspectives d’évolution.
Le service public a besoin d’équipes stables, formées et reconnues. La précarité n’est pas un modèle d’avenir.
