SERVICE SOCIAL DE LA VILLE DE PARIS : L’AMBITION DÉPASSE LES MOYENS

Le service social parisien n’a jamais cessé d’évoluer : transformations réglementaires, mutations sociales (vieillissement, appauvrissement, migrations), retrait progressif de partenaires essentiels (CNAV, CAF, CPAM). Dans ce contexte déjà sous tension, les métiers de la relation d’aide perdent en attractivité. Pourtant, Paris revendique plus que jamais son statut de « Ville Capitale de l’accueil ». La réforme du parcours de l’usager devait améliorer l’accès aux services sociaux. Elle révèle surtout un écart grandissant entre la commande politique et les moyens réellement mobilisés.

Une réforme aux frontières sans cesse repoussées

L’accueil inconditionnel impose un premier accueil et une évaluation si demandé.

Mais Paris compte désormais plus de 100 000 domiciliations, un chiffre qui continue de monter.

La Ville envisage un second « Paris Adresse » : une ville dans la Ville, mais sans stratégie solide d’absorption du flux généré.

Résultat : un afflux massif, une pression continue sur les PSA, des délais d’entrée en accompagnement qui atteignent 5 à 8 mois, après une courte amélioration au lancement de la réforme. L’engorgement s’installe de nouveau. Et le déport vers les MDS n’est plus une hypothèse : il est engagé.

Cette réforme avance comme si les équipes étaient extensibles. Elles ne le sont pas.

Vacances de poste : la rupture silencieuse

Le recrutement est au ralenti, les écoles ne sortent plus assez de professionnels, et les arrêts maladie deviennent structurels. Le volant de remplaçants ne parvient plus, depuis longtemps, à couvrir l’ensemble des besoins du terrain, malgré l’engagement des collègues concerné·e·s. Les agents sont poussés à fonctionner comme si l’équipe était au complet, alors que chacun sait qu’elle ne l’est plus depuis longtemps.

Ce « comme si » généralisé provoque :

  • des épuisements répétés,
  • des arrêts maladie qui s’allongent,
  • des départs, parfois définitifs,
  • et, de plus en plus, des résistances : des agents qui refusent la surcharge, qui alertent, qui contestent.

Quand les moyens ne suivent plus, les équipes se protègent comme elles peuvent.

À un moment, cela devient une forme de maltraitance institutionnelle.

L’UNSA demande des limites, pas des injonctions

Face aux vacances durables, la DSOL ne peut plus demander aux établissements d’absorber ce qu’ils ne peuvent plus absorber.

Des choix doivent être faits, non dans l’abstraction, mais dans le réel, à partir de la capacité effective des équipes.

Il faut un protocole écrit, clair, opposable, qui fixe les limites de la charge de travail. Sans cadre, la surcharge devient la norme, et la norme devient une pression que les agents n’ont plus la capacité ni le devoir de supporter.

Une ambition sans moyens : une impasse prévisible

L’ambition politique affichée n’a de valeur que si les moyens suivent.

Aujourd’hui, ils ne suivent pas.

La DSOL doit reconnaître la réalité du terrain, saisir l’élue de tutelle et poser clairement la question :

Peut-on continuer à étendre les missions sans renforcer les moyens humains et matériels ?

Dans l’état actuel, la réponse est non.

Les agents portent le service public. Ils ne peuvent pas porter la démesure. Leur travail mérite protection, reconnaissance et conditions tenables. L’UNSA défend les agents. La réussite de la politique sociale repose sur eux : à la DSOL de le reconnaître. Pour un service social renforcé, des équipes soutenues et des conditions de travail tenables : l’UNSA est mobilisée et appelle les agents à se faire entendre.